jeudi 15 mars 2012

La pilule

Depuis le 23 janvier, j'attendais mes règles.
...
Tadam! Enfin, elles ont débarqué cette nuit. Je dis enfin, pour deux raisons: la première c'est que dans l'attente, avec l'incertitude, les maux de ventre, j'ai une irrationnelle peur de crever. Tous les "tout d'un coup" sont permis: tout d'un coup qu'il y a un problème avec ma trompe, tout d'un coup que mes maux de ventre ne sont pas des crampes de regles qui arrivent, mais autre chose, tout d'un coup que la cicatrice se rouvre a l'intérieur et se remet à saigner, tout d'un coup que j'ai une surprise miraculeuse dans le ventre sans le savoir et que je refais une geu...

Donc la, voila, j'ai mes règles, je peux avoir l'esprit tranquille!

La deuxième raison, c'est que... J'attendais qu'elles arrivent pour pouvoir recommencer à prendre la pilule. Oui oui, la pilule, l'anti-conceptionnelle, l'anti-bebe, celle qu'on prend quand on n'en veut pas. C'est une décision qui s'est un peu imposée à moi. Je suis incapable de me voir enceinte sans m'imaginer tous les pires possibles, trop habituée à ce que le pire se produise... Donc la pilule, ce sera peut-être juste pour quelques mois, ou peut-être pour plein d'années, pour tout le temps... J'en sais rien. Mais j'ai besoin d'avoir l'esprit tranquille et les ovaires au repos.

Je quitte donc le monde de la pma pour un bout de temps.
Ca va me faire drole. Ca va me faire du bien!

Mon envie d'avoir une famille, elle est ailleurs en ce moment. Un peu au viet-nam, et un peu a Haiti. Je vous en reparlerai;)

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Demain j'aurai 35 ans....!!!


vendredi 9 mars 2012

Post-trauma

Ça fait quoi... Un peu plus de trois mois. La GEU...

C'est fou comme au début, j'ai été bien concentrée sur ma convalescence physique. Je suis retournée assez rapidement à mes activités habituelles, et pourtant je commence juste à me sentir de retour à la "vraie" normale. Disons, au-delà de simplement être capable de me tenir debout!

Et dernièrement, depuis plusieurs semaines en fait, j'ai recommencé a voir ma psy. En fait je vis bizarrement ce "retour à la normale" de ma condition physique. Je me suis mise à avoir des réminiscences de mon hospitalisation... Pas exactement des flashbacks comme dans les films, mais quand même, des souvenirs qui me reviennent, qui peuvent être déclenchés par tout et rien, et dans lesquels il y a des souvenirs de faits et de détails (genre le visage d'une infirmière, lese bruits dans l'urgence, des paroles qu'on m'a dites...) , mais en prime aussi, des souvenirs de sensations... La difficulté à respirer parce que l'abdomen est rempli du sang de l'hémorragie. La sensation de la sonde qu'on m'enlève. Lees larmes que j'ai envie de pleurer, la nuit, seule à l'hôpital, mais que je retiens parce que le simple fait d'avoir la boule dans la gorge me fait mal partout et me fait paniquer.

Bref, autrement dit, le corps est remis, et là, ce sera au tour du reste de guérir... J'ai comme un deuil à faire, qui traîne, et ça m'énerve que ça ne se voie pas.

Je me sens hyper intolérante face aux gens qui visiblement ignorent ce que j'ai vécu. Je ressens le besoin un peu lourd de parler constamment de la gravité de ce qui m'est arrivé, comme s'il fallait que je prouve que ça n'est pas rien. Moi j'ai besoin de me faire dire que c'était bien réel, grave pour de vrai... D'ailleurs j'ai lu plein de trucs sur l'état de choc hémorragique, des articles médicaux expliquant ce qui se passe à ce moment là: tachycardie, baisse drastique de la tension artérielle, déshydratation intense, paleur extrême et bleuissement des lèvres, respiration difficile, les organes vitaux qui manquent d'oxygène... C'est bizarre ce que ça me fait de lire ça: j'y reconnais ce qui m'est arrivé et ce que les docs m'ont dit, c'est un peu pénible de revisiter ces souvenirs, mais en même temps j'en ai besoin, et dans ma tête ça fait "Aha! Je savais que c'était vrai, que je n'exagérais pas, que je n'ai pas inventé ça, que je ne fais pas bêtement la victime qui s'invente des bobos!! "

Et puis aussi, je suis plutôt imperméable aux malheurs des autres en ce moment. D'habitude, je suis plutôt empathique, mais là... À part pour mes amies proches, quand quelqu'un se met à se plaindre qu'il a la gastro, je sais, c'est con et puéril, mais j'ai toujours bêtement envie de faire une compétition de blessures et de dire "euh, ben moi j'ai failli mourir pour de vrai, alors ta gastro, pffff!!"

(oui bon, et j'ai un peu honte d'avouer, mais j'imagine qu'il faut que ça sorte...)

Ma psy m'a dit que c'est du stress post-traumatique... Paraît que c'est normal que ça sorte comme ca, quelque mois après coup.

Et moi, bien... Je trouve que ça fait du sens. Bien sûr, il y a des degrés divers dans tout ça, et de mon côté, c'est quand même léger: je n'ai quand même pas des flashbacks qui m'empêchent de fonctionner ou qui me paralysent...mais bon. Ça fait quand même du bien d'avoir un vrai terme officiel sur ce que vis ces jours-ci, avec quelqu'un qui m'assure que c'est normal.

*****

Vécu dernièrement: dans un spa, je remplis l'habituel bilan de santé, et j'inscris ma grossesse ectopique dans la case "chirurgie". La personne arrive, me reçoit, lit mon bilan et dit : " grossesse ectopique..." Voyant qu'elle n'a pas l'air de savoir ce que c'est, j'explique un peu, chose que je trouve toujours un peu pénible "bla bla, trompe éclatée, hémorragie interne, opération en catastrophe" . Et elle me demande:

"Mais... Est-ce que tes genoux sont corrects?"

Euh...
Bah oui, eux ils sont corrects!!